Kagura: Tout savoir sur la danse traditionnelle japonaise

Le Kagura est une forme de danse traditionnelle issue du Japon remontant à plus de 1000 ans. Profondément ancrée dans la culture et la spiritualité japonaise, cette danse sacrée revêt une grande importance historique et symbolique. Découvrez dans cet article complet l’origine, les différents styles, le symbolisme et les traditions entourant le Kagura.

Sommaire : 

• Introduction au Kagura
• Le Kagura-den, Kagura sacré des temples shinto
• Le Satokagura, Kagura folklorique propagé parmi le peuple
• Symbolisme et traditions du Kagura
• Questions fréquentes
• Conclusion

Introduction au Kagura

Le terme Kagura signifie littéralement “musique” (か) et “divertissement” (ぐら). Il désigne un ensemble de danses traditionnelles japonaises visant à divertir et honorer les divinités du shintoïsme.

Pratiqué depuis l’époque de Heian (794-1185), le Kagura était à l’origine exécuté dans les sanctuaires shinto par des prêtresses appelées miko. Aujourd’hui, le Kagura est dansé lors de festivals shinto ou pour des occasions spéciales comme l’intronisation d’un nouvel empereur.

On distingue deux grands types de Kagura:

• Le Kagura-den transmis au sein des sanctuaires shinto
• Le Satokagura propagé parmi le peuple

Voyons plus en détail l’origine, l’histoire et les caractéristiques de ces deux courants.

Le Kagura-den, Kagura sacré des temples shinto

Le Kagura-den est considéré comme la forme la plus authentique et sacrée de Kagura. Pratiqué dans les temples shinto (jinja), il était à l'origine exécuté par des prêtresses (miko) lors de cérémonies rituelles visant à invoquer et divertir les divinités shinto (kami).

On distingue plusieurs styles régionaux de Kagura-den:

• Le Miko Kagura: dansé uniquement par des prêtresses entraînées, c'est la forme la plus orthodoxe de Kagura-den. Les danses lentes et solennelles sont accompagnées de chants et de percussions. Les costumes et accessoires rituels sont essentiels.
• Le Shishi Kagura: incorporant des acrobaties et des lionceaux dansants (shishi), ce Kagura spectaculaire est notamment pratiqué dans la région de Shimane. Les danseurs portent des costumes colorés.
• Le Kagura Ise-ryū: originaire de la région sacrée d'Ise, berceau du shintoïsme, ce style se caractérise par des mouvements lents et fluides ainsi que des mélodies vocales envoûtantes.
• Le Izumo Kagura: issu de la région de Shimane, ce style dynamique est joué par des acteurs-danseurs grimés avec des costumes élaborés. Il comporte dialogues chantés et acrobaties.

Quel que soit le style, le Kagura-den implique une préparation physique et spirituelle rigoureuse. Les danseurs doivent atteindre un état méditatif pour invoquer les kami.

La musique du Kagura-den comprend percussions, flûtes et chants. Elle vise à purifier le lieu du rituel. Les masques et costumes représentent les kami.

Accessible lors de festivals, le Kagura-den reste avant tout une pratique ésotérique réservée à l'enceinte des temples shinto, incarnant l'esprit le plus pur du shintoïsme.

Le Satokagura, Kagura folklorique propagé parmi le peuple

Apparu plus tardivement que le Kagura-den, le Satokagura (sato signifiant “campagne”) est une forme folklorique de Kagura qui s’est propagée parmi les populations rurales et les régions périphériques du Japon.

Plus accessible et divertissant que le sacré Kagura-den, le Satokagura a pour objectif de promouvoir la vertu, la morale et l’harmonie sociale à travers des spectacles donnés en extérieur ou dans les temples locaux.

Les danses du Satokagura sont plus vives, théâtrales et acrobatiques que le solennel Kagura-den. Elles intègrent des éléments de kabuki et de nenbutsu odori (danses bouddhistes). Le répertoire comporte des légendes populaires jouées avec force mimiques et grimaces.

On distingue de nombreux sous-genres régionaux de Satokagura:

• Le Nishimonai Bon Odori de la région d'Akita est dansé lors des fêtes du Bon Odori en l'honneur des défunts. Les danseurs évoluent sur des échasses.
• Le Hanagasa Odori dans la préfecture de Yamagata est une danse paysanne joyeuse et colorée avec de grands chapeaux de fleurs.
• Le Gujo Odori originaire de Gifu est une danse collective à saveur bon enfant. Les participants, toutes générations confondues, dansent en cercle.
• Le Kasuga Wakamiya On Matsuri Kagura de Nara comporte des danses purificatrices exécutées par des prêtresses.
• L'Izumo Kagura de la région de Shimane est un spectacle théâtral relatant les mythes de la création du Japon.
• Le Mikuni Hōnensai Kagura de Fukui présente des performances acrobatiques des moines-guerriers Sōhei.
• Le Matsumoto Kagura de Nagano intègre des arts martiaux à l'aide de sabres de bois dans un style vif et masculin.

Quel que soit le style régional, le Satokagura conserve une dimension spirituelle et communautaire. Il vise à remercier les divinités pour les récoltes, à prier pour la paix et à renforcer les liens au sein des communautés rurales.

Le Satokagura est généralement interprété par des troupes d’acteurs-danseurs amateurs locaux. Les représentations ont lieu lors des fêtes saisonnières, des festivals de temples ou pour des événements communautaires. Le programme est construit pour divertir et édifier le public.

Les costumes du Satokagura sont plus couramment contemporains et colorés. Les masques expriment des émotions exacerbées. La musique est joyeuse avec tambours, flûtes et chants.

Le Satokagura a permis de populariser le Kagura à travers tout le Japon. S’il est moins sacré que le Kagura-den, il conserve une fonction sociale essentielle de cohésion communautaire et de transmission des traditions locales.

Aujourd’hui, de nombreuses troupes perpétuent cet art populaire lors des festivals d’été ou du Nouvel An. Le Satokagura représente l’âme des traditions rurales japonaises.

Symbolisme et traditions du Kagura

Au-delà de sa dimension esthétique, chaque élément du Kagura revêt une signification symbolique profonde en lien avec les mythes, les divinités et les rituels du shintoïsme japonais.

Symbolisme des masques et costumes

Les masques et costumes du Kagura ne sont pas de simples ornements. Ils incarnent l’essence des entités surnaturelles invoquées lors des rituels shintoïstes.

• Les masques représentent les traits des kami (divinités), des esprits (yōkai) ou des ancêtres. Leur expression, joyeuse ou courroucée, reflète le caractère de l'entité.
• Les costumes consistent le plus souvent en des robes à longues manches et des jupons plissés. Les motifs, couleurs et ornements indiquent le statut de l'entité invoquée.
• Les accessoires comme les épées, les éventails ou les bijoux sont des offrandes symboliques faites aux divinités pour obtenir leurs faveurs.

Symbolisme des instruments de musique

La musique du Kagura vise à purifier et sanctifier l’espace du rituel. Chaque instrument revêt un symbolisme spirituel :

• Le taiko (tambour) marque le rythme sacré et apaise les mauvais esprits.
• La flûte traverse (fue) imite la respiration des kami et facilite leur invocation.
• Les sonnailles (suzu) attachées aux costumes éloignent les influences maléfiques.
• Le luth japonais (biwa) accompagne les récitatifs chantés relatant les mythes fondateurs.
• Les cymbales (dahyō) ponctuent les moments cruciaux du rituel. Leur tintement purifie l’atmosphère.

Symbolisme des mouvements

Les gestuelles lentes et codifiées du Kagura reflètent le caractère solennel et sacré du rituel shintoïste:

• Les déplacements stylisés et les rotations symbolisent le cycle éternel des saisons et l’harmonie entre le Ciel et la Terre.
• Les mouvements des manches imitent le vol des oiseaux sacrés, messagers des kami.
• Les ondulations des éventails figurent le souffle du vent porteur des prières.
• Les pas glissés évoquent le mystère des esprits se mouvant entre les mondes visible et invisible.

Principales traditions

Plusieurs traditions entourent la pratique séculaire du Kagura :

• La transmission orale de maître à disciples, sans supports écrits.
• L’apprentissage dès l’enfance via une initiation et un entraînement rigoureux.
• La vénération des masques conservés dans le sanctuaire lorsqu’ils ne sont pas portés.
• La séparation hommes-femmes sur scène, les rôles féminins étant tenus par des hommes.
• L’interprétation unique à chaque cérémonie par improvisation inspirée.
• Les ablutions rituelles de purification des danseurs avant chaque représentation.

Grâce au respect de ces traditions, le Kagura demeure une pratique vivante en constante réinvention, profondément enracinée dans la spiritualité shintoïste.

Questions fréquentes

Quelle est l'origine du Kagura?

Le Kagura remonte à l'époque de Heian (794-1185). Selon la légende, la déesse Ame-no-Uzume aurait exécuté une danse divertissante pour sortir Amaterasu de sa grotte. Cette origine mythique établit le Kagura comme un divertissement pour les divinités shinto.

Quelle est la différence entre Kagura-den et Satokagura?

Le Kagura-den est la forme sacrée transmise dans les temples shinto. Le Satokagura est une forme folklorique propagée parmi les populations rurales.

Comment se transmet le Kagura?

Le Kagura se transmet oralement et par initiation, des maîtres de danse aux disciples. Les danseurs commencent leur apprentissage dès le plus jeune âge.

Quelle est la symbolique des masques et costumes?

Les masques et costumes du Kagura représentent les divinités et entités invoquées lors des rituels shintoïstes. Ils font partie intégrante de la signification religieuse du Kagura.

Le Kagura est-il encore pratiqué aujourd’hui?

Oui, le Kagura continue d'être dansé lors des fêtes shintoïstes et événements importants comme l'intronisation d'un nouvel empereur. C'est un patrimoine culturel japonais ancestral toujours bien vivant.

Conclusion

Le Kagura est une danse rituelle fascinante reflétant l’âme du shintoïsme japonais. Qu’il soit sacré ou folklorique, le Kagura conserve une dimension spirituelle unique visant à invoquer le divin et promouvoir l’harmonie.

Patrimoine culturel séculaire transmis oralement de maître à disciple, le Kagura mérite pleinement sa reconnaissance en tant que trésor culturel immatériel à préserver. Sa symbolique, ses traditions et ses origines mythiques continuent de nourrir l’esprit japonais.